La méditation, en modifiant la structure et le fonctionnement du cerveau, exerce une influence positive sur la santé, une réalité désormais étayée par les avancées des neurosciences.
Selon Marc Williams, chercheur à l’université d’Oxford, l’esprit et le corps sont intrinsèquement liés, échangeant en permanence des informations émotionnelles. Il affirme que : « Nos pensées et émotions influencent une grande partie de nos sensations physiques, tout comme ce qui se passe dans notre corps affecte notre mental. »
Il soutient également qu’un entraînement mental peut soulager le corps, mettant en avant la méditation de pleine conscience. Cette pratique, issue des traditions bouddhistes, vise à entraîner l’esprit à se concentrer sur ses sensations et le moment présent, apprenant ainsi à réguler progressivement ses émotions.
Depuis les années 1990, de nombreuses études en neurosciences ont prouvé que cette pratique non seulement apaise le corps, mais modifie également la structure et le fonctionnement de notre cerveau.
Cette approche, loin d’être une tendance éphémère, remonte à la fin des années 1970 lorsque Jon Kabat-Zinn, scientifique américain et docteur en biologie moléculaire, a « laïcisé » la méditation bouddhiste, créant le programme « Réduction du stress basée sur la pleine conscience » (MBSR, pour Mindfulness Based Stress Reduction), basé sur le yoga et la méditation.
Les essais cliniques menés par Kabat-Zinn ont démontré que cette pratique prévenait les rechutes dépressives, soulageait les douleurs chroniques et contribuait à la gestion du stress ainsi qu’à de nombreux troubles de l’humeur. En réponse, les National Institutes of Health américains ont initié des études pour comprendre les mécanismes neurologiques et cognitifs sous-jacents à ces résultats. Actuellement, le MBSR (ou le MBCT, Mindfulness Based Cognitive Therapy, spécifique à la dépression) est proposé dans près de 200 hôpitaux américains. En France, cette pratique commence à susciter un intérêt croissant, marqué par l’inauguration du premier diplôme universitaire à l’université de Strasbourg cette année.
La méditation active des réseaux neuronaux spécifiques dans le cerveau. Pour bénéficier de ses bienfaits, le pratiquant doit s’installer dans un lieu calme, adopter une position détendue et attentive, et se concentrer sur ses pensées et sensations du moment. Le psychiatre Christophe André, enseignant la méditation depuis dix ans, recommande d’observer sans jugement les émotions et pensées qui circulent, en ouvrant l’esprit à ce qui est déjà présent. Ensuite, il conseille de se focaliser sur un objet, la respiration ou différentes parties du corps, tout en évitant de se laisser distraire. Toutefois, l’esprit a tendance à divaguer, malgré les efforts pour rester concentré.
Que se passe-t-il alors dans notre cerveau ? Une étude menée par Wendy Hasenkamp, neuroscientifique à l’université d’Atlanta, a demandé à des méditants expérimentés de pratiquer pendant vingt minutes dans un scanner, signalant chaque échappée de leur esprit. Les résultats ont révélé un cycle de quatre phases, identifiées par l’activation de différents réseaux neuronaux liés à l’attention. Ce cycle se répète durant toute la séance de méditation, altérant l’état de conscience de l’individu et engendrant un sentiment de bien-être.
Comparativement aux novices, les pratiquants réguliers montrent des connexions renforcées entre les réseaux neuronaux de l’attention. Ces changements pourraient être liés au développement de capacités cognitives, telles que la concentration et la résistance à la distraction, généralement associées à la pratique méditative. Des travaux antérieurs, comme ceux d’Antoine Lutz, chercheur français, ont déjà souligné les bienfaits cognitifs de cette pratique, démontrant notamment des améliorations dans des exercices d’attention soutenue au fil du temps.
Des études académiques discutent également des effets de la méditation sur le cerveau, notamment en ce qui concerne la synchronisation des aires cérébrales. Parmi elles, on retrouve des recherches comme : « Mindfulness Meditation Is Related to Long-Lasting Changes in Hippocampal Functional Topology during Resting State: A Magnetoencephalography Study », qui met en évidence les effets durables de la méditation sur la topologie des aires cérébrales impliquées dans l’attention et la mémoire, ou encore « Meditation and the wandering mind: a theoretical framework of underlying neurocognitive mechanisms », qui élabore sur les mécanismes neurocognitifs sous-jacents à la méditation et aux pratiques de pleine conscience.
Sources académiques :
De telles sources académiques fournissent des informations précieuses sur les effets de la méditation sur le cerveau, y compris son impact sur la connectivité cérébrale, la synchronisation des réseaux neuronaux et l’activité du réseau par défaut.