Une nouvelle recherche présentée lors de la réunion annuelle de la Société internationale pour la recherche sur l’autisme à Montréal en mai 2019 suggère que le microbiome intestinal, c’est-à-dire l’ensemble des bactéries, virus et autres microbes qui y résident, pourrait être lié aux symptômes comportementaux et gastro-intestinaux chez les personnes atteintes d’autisme. Cette découverte ouvre des perspectives pour améliorer le traitement de ces symptômes.
Le microbiome est constitué de bactéries, de virus et d’autres microbes qui vivent sur notre peau et dans nos intestins. Il existe une relation symbiotique entre ces microbes et nos cellules humaines : ils dépendent les uns des autres pour survivre et doivent être en harmonie pour assurer notre santé. Lorsque cette harmonie est perturbée, cela peut entraîner divers problèmes de santé.
Des études antérieures ont déjà montré que le microbiome intestinal des personnes autistes est différent de celui des personnes non autistes. Certaines perturbations de cet équilibre sont associées à des symptômes gastro-intestinaux et comportementaux de l’autisme. Des traitements visant à rétablir cet équilibre, comme les greffes fécales, ont montré des résultats encourageants dans l’atténuation des symptômes.
La nouvelle étude menée par le Dr Luna et ses collègues a porté sur 412 enfants, dont certains étaient atteints de troubles du spectre autistique, d’autres étaient des frères et sœurs non autistes et certains étaient au développement typique. Les chercheurs ont analysé les antécédents médicaux, les enquêtes comportementales et les journaux alimentaires et gastro-intestinaux des enfants. Ils ont également prélevé des échantillons de selles pour analyser le microbiome intestinal de chaque participant.
Les résultats ont montré des différences distinctes dans le microbiome intestinal des enfants autistes par rapport aux autres groupes. De plus, ces différences variaient en fonction des symptômes gastro-intestinaux, comportementaux et des préférences alimentaires de chaque enfant. Il n’y avait pas de bactérie spécifique qui déterminait la séparation entre les enfants autistes et les enfants au développement typique. Le microbiome intestinal des personnes autistes semble donc être plus complexe qu’on ne le pensait.
Les prochaines étapes de la recherche sur le microbiome de l’autisme consisteront à déterminer si le rétablissement de l’équilibre du microbiome intestinal peut aider à atténuer les symptômes chez d’autres personnes autistes présentant d’autres symptômes. Les greffes de selles pourraient-elles être nécessaires pour tout le monde ? Ou pourrait-on trouver d’autres interventions thérapeutiques basées sur le microbiome ?
En outre, cette recherche suggère qu’il pourrait être possible de diagnostiquer l’autisme en analysant la composition du microbiome intestinal d’une personne. Cela permettrait également de prédire quels types de symptômes elle pourrait présenter. Cependant, cela nécessiterait de nombreuses recherches supplémentaires et des preuves provenant d’études multicentriques.
Il est important de souligner qu’il n’existe pas d’intervention unique sur le microbiome intestinal qui puisse fonctionner pour toutes les personnes autistes. Chaque intervention devra être individualisée en fonction des besoins spécifiques de chaque individu. Les recherches futures visent à déterminer quelles personnes peuvent bénéficier de quelles thérapies.
En conclusion, cette nouvelle recherche ouvre de nouvelles perspectives pour comprendre et traiter les symptômes de l’autisme. Le microbiome intestinal semble jouer un rôle important dans ces symptômes, et les futures recherches permettront de développer des interventions thérapeutiques plus ciblées basées sur le microbiome.