Lorsque je vais chez mon médecin généraliste, il m’arrive parfois de rencontrer un médecin remplaçant que je n’ai jamais vu auparavant. Ce cabinet privé est dirigé par un couple marié avec trois jeunes enfants. Pour pouvoir prendre des vacances ensemble de temps en temps, ils font appel à un remplaçant, également appelé « suppléant » dans le domaine médical.
Je considère le remplaçant comme un chef de tournage dans mon ancienne carrière. Il remplace le cuisinier du grill, le saucier, l’entremets, etc., pour couvrir un quart de travail en l’absence de la personne habituellement en poste.
Bien que je sois plus habituée à consulter mes médecins habituels, je suis parfaitement à l’aise avec le remplaçant… mais je dois aussi être plus attentive. Je veille à être précise d’une manière que je ne pourrais pas l’être autrement. Par exemple, si je parle d’une maladie, j’utilise un langage médical professionnel. Je dis « paresthésie » plutôt que « avoir des fourmis ». Je demande quelle est ma tension systolique plutôt que si ma pression artérielle est normale. Et je parle de la sclérose en plaques (SEP) comme si c’était mon travail.
Lors d’une de mes visites, un médecin semi-retraité a été impressionné par la façon dont je parlais de mes préoccupations médicales. Il a commencé à me poser des questions sur ma SEP et sur la maladie elle-même. Nous avons même abordé mes opinions sur la recherche et les médicaments, ainsi que mon expérience avec les prestataires de soins de santé internationaux. Ce qui aurait normalement été un rendez-vous de 20 minutes s’est transformé en une visite d’une heure. Cette conversation n’était pas à sens unique, le médecin a également partagé avec d’autres patients ses expériences médicales qui reflétaient certaines des miennes.
Nous avons discuté des effets secondaires à long terme des stéroïdes, de l’utilisation de médicaments anti-fatigue et du risque d’abus. Nous avons également parlé des raisons pour lesquelles il prenait certains des mêmes médicaments « d’entretien » que ceux que j’espère arrêter. Ce fut une heure instructive.
À la fin de notre conversation, le médecin m’a serré la main et m’a remercié. Il m’a dit qu’il avait appris davantage sur la SEP grâce à notre discussion qu’à la faculté de médecine, même si cela remontait à plus de 40 ans. Ce médecin septuagénaire n’avait jamais demandé à ses patients de lui parler de leur maladie.
Beaucoup de gens se contentent de leurs rendez-vous chez le médecin sans apporter quelque chose à la table. Même parmi les patients atteints de SEP qui consultent des neurologues, je constate que nombreux sont ceux qui se contentent d’obéir aux ordres plutôt que de collaborer avec leurs médecins. Pour ma part, je défends notre communauté et je suis prête à être entendue.
Il est primordial que nous apprenions tous à parler à nos équipes médicales, et pas seulement à les écouter. Nous devons fixer le cap avec les conseils de nos médecins, et non selon leurs directives. Vous pourriez avoir une conversation intéressante avec un médecin remplaçant qui changera sa vie ainsi que celle des patients qu’il verra après vous.
Je vous souhaite, ainsi qu’à votre famille, une excellente santé.
Trévis
PS : Mon livre « Chef interrompu » est disponible sur Amazon. Suivez-moi sur ma page Facebook « La vie avec la SEP » et sur Twitter pour en savoir plus sur la sclérose en plaques.