Pourquoi la prochaine pandémie pourrait venir de l’Arctique – et que faire à ce sujet

Par : Matthieu Gallet

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Selon un article récent publié dans la prestigieuse revue Nature, l’Arctique pourrait être à l’origine de la prochaine pandémie mondiale. Cette révélation souligne l’urgence d’adopter une approche unifiée pour réduire cette menace sous-estimée des maladies émergentes venant du Grand Nord. Examinons de plus près ce que nous dit cet article important.

Un environnement en pleine mutation

L’Arctique subit des changements rapides et alarmants. Entre 1979 et 2021, cette région s’est réchauffée quatre fois plus vite que la moyenne mondiale. Les conséquences de ce réchauffement sont multiples et encore mal comprises :

  • Modifications de l’écologie arctique
  • Perturbation de la capacité de stockage du carbone
  • Élévation du niveau des mers
  • Altération des courants océaniques et des schémas météorologiques

À ces problèmes s’ajoutent la perte de biodiversité et la pollution. L’auteur de l’article, Christian Sonne, qui étudie l’Arctique depuis 1997, suggère que nous ne faisons pas face à une triple crise planétaire, mais bien à une quadruple crise.

L’émergence de nouvelles menaces sanitaires

Avec le réchauffement de l’Arctique, la dégradation de son environnement et l’augmentation des activités humaines, de nouvelles menaces pour la santé apparaissent. En particulier, l’Arctique risque de devenir un foyer de maladies zoonotiques, c’est-à-dire des maladies qui se transmettent des animaux aux humains.

Pourquoi l’Arctique est-il particulièrement à risque ?

  1. Dégradation de l’habitat et perte de biodiversité : Ces facteurs sont étroitement liés à l’émergence de maladies infectieuses. Environ 60% des maladies infectieuses émergentes sont zoonotiques.
  2. Libération de polluants : La fonte de la banquise libère des « polluants éternels » comme le mercure et les substances per- et polyfluoroalkylées. Ces substances affaiblissent les systèmes immunitaires humains et animaux, augmentant leur vulnérabilité aux infections respiratoires.
  3. Espèces invasives : De nouvelles espèces de poissons et de baleines apportent avec elles des produits chimiques industriels et leurs propres maladies.
  4. Espèces natives vulnérables : Des animaux comme l’ours polaire n’ont jamais été exposés à ces nouveaux pathogènes, ce qui les rend particulièrement vulnérables.
  5. Dégel du pergélisol : Le réchauffement libère d’anciens micro-organismes longtemps emprisonnés dans la glace et les sédiments. Les humains et la faune n’ont probablement aucune défense immunitaire contre ces pathogènes.

Un avenir incertain

Ces risques vont probablement s’intensifier. Les premiers étés sans glace dans l’Arctique pourraient survenir dès les années 2030. L’océan Arctique présente un énorme potentiel pour les secteurs de l’énergie, de la pêche et du tourisme, mais n’est soumis à aucun traité mondial régulant son exploitation. Cela pourrait entraîner davantage de perturbations de la faune, de pollution, de surpêche et de conflits juridictionnels.

Que faire face à cette menace ?

L’article de Nature souligne que l’Arctique est actuellement perçu comme une région à faible activité microbienne. Par conséquent, peu de ressources sont consacrées à l’étude des zoonoses dans cette région, et la surveillance des menaces émergentes est clairsemée. Cela doit changer. Voici quelques pistes d’action :

  1. Surveillance humaine :
    • Analyser les eaux usées et autres sources pour détecter la présence de pathogènes viraux.
    • Améliorer l’accès aux soins de santé communautaires.
    • Effectuer des inspections cliniques et des consultations avec les médecins locaux.
  2. Sécurité alimentaire :
    • Mettre en place des cours d’hygiène et des inspections de la viande dans les communautés de chasseurs de subsistance.
    • Développer une meilleure surveillance des maladies en partenariat avec ces communautés.
  3. Surveillance de la faune :
    • Financer des programmes de surveillance annuels et saisonniers à long terme.
    • Collaborer avec les communautés locales en utilisant des techniques simples et faciles à utiliser sur le terrain.
  4. Action environnementale plus large :
    • Réduire la pollution.
    • Protéger la biodiversité.
    • Réduire les émissions de gaz à effet de serre par le biais d’accords internationaux.
  5. Collaboration internationale :
    • Élaborer un plan plus large de surveillance et d’évaluation de l’Arctique, soutenu par un traité, qui combine la surveillance de la pollution et des maladies.
    • Intégrer ces efforts dans le traité de préparation aux pandémies actuellement en négociation à l’Organisation mondiale de la santé.

L’urgence d’agir

L’article de Nature conclut sur un appel à l’action immédiate. Si rien n’est fait, il deviendra plus difficile d’atténuer les interactions avec la faune, de diagnostiquer, traiter et isoler les personnes infectées. Le risque d’une future pandémie ayant pour origine l’Arctique ne fera qu’augmenter.

Cet article nous rappelle que la santé humaine, animale et environnementale sont intimement liées. L’Arctique, souvent perçu comme une région lointaine et isolée, pourrait bien être à l’origine de la prochaine crise sanitaire mondiale. Il est donc crucial d’adopter une approche globale et préventive, impliquant une collaboration internationale et interdisciplinaire, pour faire face à cette menace émergente.

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