Une équipe de l’Université de Washington a récemment publié un article dans la revue Science, dans lequel elle rapporte une découverte surprenante concernant la digestion de la chitine par l’estomac. La chitine est une fibre structurelle que l’on retrouve dans de nombreux aliments tels que les champignons, les crevettes et les insectes. Habituellement, les fibres alimentaires sont dégradées par le microbiome intestinal, mais il semblerait que l’estomac utilise un circuit à médiation immunitaire pour digérer la chitine.
La chitine est souvent présente dans les allergènes des voies respiratoires, tels que les acariens et les spores. Elle active les réponses immunitaires de type 2, qui sont les défenses de l’organisme contre les allergènes et les parasites. Ces réponses immunitaires sont principalement induites par les cellules lymphoïdes innées de type 2 (ILC2), un groupe de cellules immunitaires qui produisent des cytokines pour réguler les réactions allergiques. Ces cellules produisent également une enzyme appelée chitinase, qui décompose la chitine dans les voies respiratoires.
Cependant, l’étude de l’équipe de l’Université de Washington suggère que la digestion de la chitine ne se limite pas aux voies respiratoires. En nourrissant des souris avec de la chitine, les chercheurs ont observé une augmentation du nombre d’ILC2 dans l’estomac des souris, ainsi qu’un épaississement gastrique et une distension de l’estomac. Ces effets sont dus à la production de cytokines par les cellules en touffe, des cellules épithéliales chimiosensorielles présentes dans l’estomac, en réponse à la chitine.
De plus, l’équipe a découvert que l’ILC2 joue un rôle important dans l’homéostasie métabolique. En effet, ces cellules maintiennent l’équilibre métabolique dans le tissu adipeux. Lorsque les chercheurs ont étudié les réponses de l’ILC2 dans ce tissu, ils ont constaté que la chitine augmentait le nombre d’ILC2 activés. Cette activation de l’ILC2 est nécessaire à la digestion de la chitine, car elle induit la production de chitinase, une enzyme qui dégrade la chitine.
Pour confirmer ces résultats, l’équipe a utilisé des souris déficientes en chitinase acide de mammifère (AMCase), l’enzyme responsable de la dégradation de la chitine. Ces souris présentaient une diminution de la distension de l’estomac et un nombre inférieur d’ILC2 activés, par rapport aux souris normales. De plus, les souris déficientes en AMCase qui consommaient de la chitine avaient une meilleure tolérance au glucose et à l’insuline, ainsi qu’une dépense énergétique plus élevée.
Cette étude montre que l’estomac utilise un circuit à médiation immunitaire pour digérer la chitine. Cette découverte permet de mieux comprendre la relation entre les processus digestifs et les activités métaboliques. De plus, elle suggère que l’ILC2 joue un rôle important dans l’homéostasie métabolique, en maintenant l’équilibre métabolique dans le tissu adipeux. Ces résultats pourraient ouvrir de nouvelles perspectives dans le domaine de la nutrition et de la santé métabolique.
Source : https://www.the-scientist.com/news/the-immune-system-helps-with-digestion-71595