Symptômes et diagnostic de la paralysie cérébrale

Par : Matthieu Gallet

Date:

Partager sur

La paralysie cérébrale (PC) est un groupe de troubles permanents du développement du mouvement et de la posture, causant une limitation des activités, attribuables à des perturbations non progressives survenues dans le cerveau en développement du fœtus ou du nourrisson [1]. Elle représente la cause la plus fréquente de handicap moteur de l’enfant, avec une prévalence de 2 à 3 pour 1000 naissances vivantes dans les pays développés [2].

Types de paralysie cérébrale

La paralysie cérébrale se manifeste de manière très variable d’un individu à l’autre, allant de cas légers à graves, et peut affecter différentes parties du corps ou l’ensemble de celui-ci. On distingue trois types principaux de paralysie cérébrale, classés en fonction de la manière dont les muscles sont affectés [3] :

1. Paralysie cérébrale spastique

La paralysie cérébrale spastique est le type le plus fréquent, touchant environ 70 à 80 % des personnes atteintes de ce trouble [4]. Elle se caractérise par :

  • Une hypertonie musculaire (muscles tendus)
  • Une raideur musculaire
  • Des mouvements maladroits ou forcés

On distingue trois sous-types de paralysie cérébrale spastique :

a) Diplégie spastique : Elle concerne principalement les jambes. Les enfants atteints de diplégie spastique peuvent avoir des difficultés à marcher, en raison de la raideur musculaire dans les hanches, les genoux et les chevilles [5].

b) Hémiplégie spastique : Elle affecte un seul côté du corps. Les enfants atteints d’hémiplégie spastique peuvent avoir des difficultés à utiliser la main du côté affecté et peuvent boiter en marchant [6].

c) Quadriplégie spastique : C’est la forme la plus sévère, affectant l’ensemble du corps, y compris le visage, le tronc, les bras et les jambes. Les personnes atteintes de quadriplégie spastique sont plus susceptibles de présenter des complications associées telles que [7] :

  • Convulsions
  • Troubles intellectuels
  • Problèmes visuels et auditifs
  • Difficultés de parole et de déglutition

2. Paralysie cérébrale dyskinétique ou athétoïde

La paralysie cérébrale dyskinétique touche environ 10 à 20 % des cas de paralysie cérébrale [8]. Ses principales caractéristiques sont :

  • Des fluctuations du tonus musculaire, alternant entre hypertonie et hypotonie
  • Des mouvements involontaires, qui peuvent être lents et sinueux (athétose) ou rapides et saccadés (choréo-athétose)
  • Un manque de contrôle sur les mains, les bras, les pieds et les jambes
  • Des difficultés possibles de déglutition, de succion et de parole si le visage est affecté

Les personnes atteintes de ce type de paralysie cérébrale peuvent avoir des difficultés à maintenir une posture stable et à effectuer des mouvements précis [9].

3. Paralysie cérébrale ataxique

La paralysie cérébrale ataxique représente environ 5 à 10 % des cas [10]. Elle se caractérise par :

  • Des troubles de l’équilibre et de la coordination
  • Une démarche instable avec une tendance à marcher de façon écartée
  • Des difficultés dans les mouvements nécessitant une précision, comme l’écriture ou la manipulation de petits objets
  • Un tremblement intentionnel, qui s’aggrave à l’approche d’une cible (tremblement d’action)

Les personnes atteintes de paralysie cérébrale ataxique peuvent avoir des difficultés à effectuer des tâches quotidiennes nécessitant un contrôle musculaire fin, comme s’habiller, manger ou écrire [11].

4. Paralysie cérébrale mixte

Il existe également un type mixte de paralysie cérébrale, qui combine des caractéristiques de plusieurs types. Par exemple, un enfant peut présenter à la fois une spasticité et des mouvements dyskinétiques [12].

Symptômes associés

Outre les troubles moteurs, la paralysie cérébrale peut s’accompagner de divers symptômes associés, qui varient en fonction de la localisation et de l’étendue des lésions cérébrales [13] :

  1. Troubles cognitifs : Environ 50 % des enfants atteints de paralysie cérébrale présentent une déficience intellectuelle [14].
  2. Troubles sensoriels :
    • Problèmes visuels (strabisme, amblyopie, déficits du champ visuel) [15]
    • Déficience auditive [16]
    • Troubles de l’intégration sensorielle [17]
  3. Troubles de la communication :
    • Dysarthrie (difficulté d’articulation)
    • Aphasie (trouble du langage)
    • Troubles de la fluence verbale [18]
  4. Épilepsie : Environ 25 à 45 % des enfants atteints de paralysie cérébrale souffrent également d’épilepsie [19].
  5. Troubles du comportement et émotionnels :
  6. Troubles du sommeil : Fréquents chez les enfants atteints de paralysie cérébrale, pouvant affecter jusqu’à 50 % d’entre eux [21].
  7. Problèmes gastro-intestinaux :
    • Reflux gastro-œsophagien
    • Constipation chronique
    • Difficultés d’alimentation et de déglutition [22]
  8. Troubles musculo-squelettiques secondaires :
    • Contractures musculaires
    • Luxation de la hanche
    • Scoliose
    • Ostéoporose [23]

Diagnostic de la paralysie cérébrale

Le diagnostic de la paralysie cérébrale est principalement clinique et repose sur une évaluation approfondie du développement moteur de l’enfant, de son histoire médicale et de ses antécédents périnataux [24]. Le processus de diagnostic comprend généralement les étapes suivantes :

  1. Anamnèse détaillée : Recueil des informations sur la grossesse, l’accouchement et les antécédents familiaux.
  2. Examen physique et neurologique : Évaluation du tonus musculaire, des réflexes, de la posture et des mouvements de l’enfant.
  3. Suivi du développement : Observation des étapes du développement moteur de l’enfant au fil du temps.
  4. Examens d’imagerie :
    • IRM cérébrale : Pour visualiser les structures cérébrales et identifier d’éventuelles lésions [25]
    • Échographie transfontanellaire : Chez les nouveau-nés, pour détecter des anomalies cérébrales précoces [26]
  5. Tests génétiques : Pour exclure d’autres troubles neurologiques ou métaboliques [27].
  6. Évaluations complémentaires :
    • Tests auditifs et visuels
    • Évaluation orthopédique
    • Bilan orthophonique et ergothérapique
    • Évaluation cognitive et psychologique [28]

Le diagnostic définitif de paralysie cérébrale est généralement posé entre 12 et 24 mois, bien que des signes précoces puissent être détectés dès les premiers mois de vie [29]. Cependant, dans les cas légers ou atypiques, le diagnostic peut être retardé jusqu’à l’âge de 3 à 5 ans [30].

Conclusion

La paralysie cérébrale est un trouble complexe et hétérogène qui nécessite une approche diagnostique multidisciplinaire. La reconnaissance précoce des signes et symptômes, suivie d’une évaluation approfondie, est cruciale pour un diagnostic précis et une prise en charge adaptée. Bien qu’il n’existe pas de traitement curatif, une intervention précoce et une prise en charge globale peuvent considérablement améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de paralysie cérébrale [31].

Références

[1] Rosenbaum P, et al. (2007). A report: the definition and classification of cerebral palsy April 2006. Dev Med Child Neurol Suppl, 109:8-14. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17370477/

[2] Oskoui M, et al. (2013). An update on the prevalence of cerebral palsy: a systematic review and meta-analysis. Dev Med Child Neurol, 55(6):509-19. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23346889/

[3] Graham HK, et al. (2016). Cerebral palsy. Nat Rev Dis Primers, 2:15082. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27188686/

[4] Cans C. (2000). Surveillance of cerebral palsy in Europe: a collaboration of cerebral palsy surveys and registers. Dev Med Child Neurol, 42(12):816-24. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11132255/

[5] Lieber RL, et al. (2004). Skeletal muscle contractures in cerebral palsy. Dev Med Child Neurol, 46(4):273-80. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15077706/

[6] Bax M, et al. (2006). Proposed definition and classification of cerebral palsy, April 2005. Dev Med Child Neurol, 48(8):508-10. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16780622/

[7] Novak I, et al. (2017). Early, accurate diagnosis and early intervention in cerebral palsy: advances in diagnosis and treatment. JAMA Pediatr, 171(9):897-907. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28715518/

[8] Monbaliu E, et al. (2017). Dyskinetic cerebral palsy: a population-based study on etiology and functional classification. Dev Med Child Neurol, 59(3):294-302. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27767202/

[9] Himmelmann K, et al. (2007). The changing panorama of cerebral palsy in Sweden. IX. Prevalence and origin in the birth-year period 1995-1998. Acta Paediatr, 96(9):1257-61. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17714541/

[10] Krägeloh-Mann I, Cans C. (2009). Cerebral palsy update. Brain Dev, 31(7):537-44. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19386453/

[11] Pavone V, et al. (2019). Ataxic cerebral palsy: a review. Neurological Sciences, 40(12):2421-2428. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31583514/

[12] Aisen ML, et al. (2011). Cerebral palsy: clinical care and neurological rehabilitation. Lancet Neurol, 10(9):844-52. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21849165/

[13] Rosenbaum P, et al. (2007). The definition and classification of cerebral palsy. Dev Med Child Neurol, 49(s109):1-44. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17370477/

[14] Novak I, et al. (2012). Clinical prognostic messages from a systematic review on cerebral palsy. Pediatrics, 130(5):e1285-312. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23045562/

[15] Fazzi E, et al. (2012). Spectrum of visual disorders in children with cerebral visual impairment. J Child Neurol, 27(5):642-9. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22269993/

[16] Reid SM, et al. (2011). Prevalence and predictors of drooling in 7- to 14-year-old children with cerebral palsy: a population study. Dev Med Child Neurol, 53(12):1069-75. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20015251/

[17] Kozeis N, et al. (2007). Visual function and visual perception in cerebral palsied children. Ophthalmic Physiol Opt, 27(1):44-53. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17239189/

[18] Parkes J, et al. (2010). Oromotor dysfunction and communication impairments in children with cerebral palsy: a register study. Dev Med Child Neurol, 52(12):1113-9. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20813020/

[19] Carlsson M, et al. (2003). Epilepsy in children and adolescents with cerebral palsy. Dev Med Child Neurol, 45(11):724-30. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/14580127/

[20] Bjorgaas HM, et al. (2012). Mental health in children with cerebral palsy: does screening capture the complexity? ScientificWorldJournal, 2012:804391. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22619588/

[21] Newman CJ, et al. (2006). Sleep disorders in children with cerebral palsy. Dev Med Child Neurol, 48(7):564-8. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16780625/

[22] Del Giudice E, et al. (1999). Gastrointestinal manifestations in children with cerebral palsy. Brain Dev, 21(5):307-11. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10413016/

[23] Morrell DS, et al. (2002). Musculoskeletal complications of cerebral palsy. Mayo Clin Proc, 77(10):1077-89. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12374259/

[24] McIntyre S, et al. (2011). Cerebral palsy—don’t delay. Dev Disabil Res Rev, 17(2):114-29. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23362031/

[25] Krägeloh-Mann I, Horber V. (2007). The role of magnetic resonance imaging in elucidating the pathogenesis of cerebral palsy: a systematic review. Dev Med Child Neurol, 49(2):144-51. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17254004/

[26] de Vries LS, et al. (2004). Ultrasound abnormalities preceding cerebral palsy in high-risk preterm infants. J Pediatr, 144(6):815-20. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15192633/

[27] MacLennan AH, et al. (2015). Genetic and environmental causal factors for cerebral palsy. Curr Opin Pediatr, 27(2):128-34. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25635582/

[28] Longo M, Hankins GD. (2009). Defining cerebral palsy: pathogenesis, pathophysiology and new intervention. Minerva Ginecol, 61(5):421-9. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19749671/

[29] Herskind A, et al. (2015). Early identification and intervention in cerebral palsy. Dev Med Child Neurol, 57(1):29-36. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25041565/

[30] Smithers-Sheedy H, et al. (2014). What constitutes cerebral palsy in the twenty-first century? Dev Med Child Neurol, 56(4):323-8. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24387354/

[31] Novak I, et al. (2013). A systematic review of interventions for children with cerebral palsy: state of the evidence. Dev Med Child Neurol, 55(10):885-910. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23962350/

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Articles relatifs

Révélation : L’accumulation de matrice extracellulaire dans l’hypothalamus et l’insulino-résistance

Une nouvelle recherche révèle comment l'accumulation de la matrice extracellulaire (MEC) dans l'hypothalamus du cerveau conduit à la...

Plasma pTau181: Un marqueur prometteur pour prédire la maladie d’Alzheimer

Des chercheurs ont découvert que le plasma pTau181 peut prédire la maladie d'Alzheimer chez les patients du monde...

Les effets du cyclisme sur la silhouette : pédalez vers une meilleure version de vous-même

En tant que cycliste passionné depuis plus de 15 ans, j'ai pu constater personnellement les nombreux bienfaits du...

Les dangers du régime riche en protéines

L'obésité est un problème de santé publique affectant des millions de personnes dans le monde. Elle dépend du...