La vaginose bactérienne (VB) est une infection courante causée par un déséquilibre dans la flore bactérienne vaginale, et c’est un problème traitable qui affecte de nombreuses femmes. Une nouvelle étude publiée en août 2020 dans la revue Frontiers in Cellular and Infection Microbiology suggère que le partenaire masculin pourrait jouer un rôle dans cette infection.
Les chercheurs ont suivi 168 couples hétérosexuels dans lesquels les femmes ne présentaient pas de vaginose bactérienne au début de l’étude. Ils ont évalué la présence de VB chez les femmes après un mois, six mois et un an à l’aide de prélèvements vaginaux. De plus, à chaque visite, les hommes ont subi des prélèvements de bactéries dans et autour de leur pénis (ce qu’on appelle le « microbiome pénien »). Au cours de l’année, 31% des femmes ont développé une VB. L’incidence était légèrement plus élevée chez les femmes dont les partenaires n’avaient pas été circoncis, peut-être parce que l’espace chaud et humide sous le prépuce peut abriter des bactéries et favoriser leur développement.
Lorsque les chercheurs ont examiné les résultats des prélèvements effectués chez les hommes ainsi que ceux des femmes, ils ont découvert que la composition du microbiome pénien d’un homme, c’est-à-dire la présence de certaines bactéries, pouvait prédire le développement de la VB chez leurs partenaires féminines. Les bactéries associées à la VB chez les femmes ont été retrouvées dans la peau du pénis, le sperme et l’urine des hommes. Il est donc très probable que l’échange de bactéries entre le pénis et le vagin soit bidirectionnel.
En termes simples, le pénis d’un homme possède un microbiome, tout comme le vagin d’une femme, et pendant les rapports sexuels avec pénétration, ces communautés bactériennes peuvent interagir les unes avec les autres et avoir un impact sur la santé reproductive de chaque partenaire. Il se peut que les bactéries associées à la VB provenant du microbiome de certains hommes puissent avoir un impact direct sur l’apparition de la VB chez les femmes lorsqu’elles sont transmises au vagin pendant les rapports sexuels, ou que les bactéries du pénis puissent perturber l’équilibre naturel des bactéries vaginales et favoriser ainsi le développement de la VB.
Ces résultats pourraient changer notre compréhension des causes possibles de la VB et peut-être nous aider à trouver de meilleurs moyens de la traiter. Auparavant, on pensait que l’alcalinité du sperme dans le vagin pouvait provoquer des altérations de la flore vaginale favorisant la VB. Cette étude suggère que le microbiome pénien pourrait être une cause de perturbation de l’environnement vaginal.
Il est important de traiter la VB, car si elle n’est pas traitée, elle peut entraîner des complications lors de la grossesse et augmenter la susceptibilité de la femme aux maladies sexuellement transmissibles. De plus, la VB a un taux de récidive élevé, avec jusqu’à 58% des femmes présentant une récidive dans l’année suivant un traitement antibiotique. Il est donc essentiel de trouver des solutions pour prévenir les récidives.
Les résultats de cette étude suggèrent que le traitement de la VB chez les deux partenaires pourrait être plus efficace pour réduire les taux de récidive que le simple traitement des femmes. Des essais cliniques supplémentaires sont nécessaires pour déterminer la meilleure façon de traiter les partenaires masculins et si ceux-ci seraient prêts à prendre un traitement antibiotique même s’ils ne présentent pas de symptômes.
En conclusion, il est important d’inclure les partenaires sexuels masculins dans les efforts visant à améliorer la santé reproductive des femmes. Une meilleure compréhension du rôle du microbiome pénien dans la VB pourrait nous aider à trouver de nouvelles approches de traitement et de prévention de cette infection courante.